Rùben

ice cream*

La soirée était déjà bien entamée et Satine, comme bien souvent, ne savait réellement que faire. Assise en tailleur sur un lit bas, plus ou moins confortable, elle se contentait d'appuyer inlassablement sur les touches de la télécommande, passant des documentaires animaliers à des films ayant été diffusé à l'antenne des centaines de fois. Dans un soupir bruyant, la demoiselle éteignit le téléviseur et resta planté dans sa chambre, quelques minutes, immobile. Qu'allait-elle bien pouvoir faire ?
Son visage tourna alors, passant de nombreuses fois du côté ouest de la pièce au côté est. Ses yeux étincelants s'arrêtèrent soudain sur un album, teinté de rouge, qui reposait au bas d'une grande bibliothèque. D'un mouvement particulièrement léger, la jeune Fergusson posa pied-à-terre et s'approcha rapidement de cet objet qui retenait visiblement en elle, une attention particulière. Avançant doucement sa main vers l'album, elle le saisit avec précaution et souffla dessus pour faire envoler la poussière qui y trônait. Depuis combien de temps n'avait-elle pas ouvert cet album sur lequel il était écrit, en lettres argentées, "Souvenirs de Londres".
S'asseyant de nouveau, avec délicatesse, sur le bord du matelas, elle ouvrit son "butin" et tomba directement sur une photo la représentant aux côtés d'un jeune homme. Ce grand brun, elle le reconnaissait bien évidemment mais, elle ne put s'empêcher de retourner le cliché afin de découvrir l'existence d'une légère écriture portée sur son verso. "Années lycée, Rùben et moi".
A la lecture de ses quelques mots, Satine éprouva de grands regrets. Rùben et elle, c'était une amitié de longue date. Ils s'étaient rencontrés, en quelque sorte, grâce à leurs parents, à un banquet londonien. Ils s'étaient très vite liés d'amitié mais, à la veille de ses 17ans, la jeune fille avait quitté sa ville natale qui lui projetait des images trop douloureuses. Depuis ce jour, les deux jeunes gens avaient perdu contact et, dieu seul sait que cet ami, si cher aux yeux de la belle, lui manquait énormément.
Regardant à nouveau le verso de la photo, Satine s'aperçut de la présence d'un numéro de téléphone, celui de Rùben, probablement. L'occasion était trop belle. Sans aucun doute, elle saisissait son téléphone et composa instinctivement le numéro qu'elle avait sans doute composé de nombreuses fois dans son adolescence.
Portant le téléphone à son oreille, elle écouta, anxieuse, les premières sonneries, espérant alors que ce numéro, était toujours celui de son ami.