C'est par une journée d'hiver grisâtre, le treize février mille neuf cente quatre-vingt-huit, que la petite Skye Ceridwen Reynolds est née, sous les regards respectivement rêveurs, heureux et ébahis de sa mère, son père et de son grand-frère, alors âgé de quatre ans. Sa mère, comme à son habitude, avait des rêves - qui étaient pourtant irréalisables - plein la tête. Elle voulait voyager, faire découvrir le monde à ses deux petits anges, car elle les considérait comme tels. Son père, lui, était empli de joie. Il avait toujours voulu un garçon et une fille, et à présent, deux bouts de chou se tenaient face à lui. Le prénom de la petite était choisi depuis des années, bien avant même que leur petit garçon ne vienne au monde. Skye, ou le ciel, dans une version différente de "Sky", pourtant. C'est dans un quartier aisé de Londres que Ceridwen grandit, au cœur d'une famille unie. Quelques années après sa naissance, alors âgée de 4 ans, la petite famille déménagea à Hambourg, en Allemagne. Elle considère maintenant cette ville comme son véritable chez elle, puisqu'aucun souvenir de son enfance en Angleterre ne lui reste, elle peut seulement, et selon ses parents, se qualifier de londonienne, ce qui lui plaît assez. Plusieurs années s'écoulèrent sans vraiment de soucis. Elle avait alors treize ans. Ce moment où tout change, où l'on a l'impression d'être entre deux âges, celui de l'enfance que l'on quitte et le fait de se sentir devenir adulte. Cette période que l'on appelle l'adolescence. Celle-ci fût particulièrement difficile pour Skye, ses parents ayant beaucoup changé et étant devenus deux rabats-joie extrêmement énervants. Elle avait besoin de liberté, mais ils ne l'entendaient pas de cette oreille. Plusieurs petites choses en vinrent à la détacher totalement d'eux. De plus, son frère, qui prenait alors dix-sept ans, se vit envoyer en service militaire. Celui-ci était l'équivalent pour elle de son meilleur ami, mais à compter de ce jour où il s'en alla, elle ne le revit plus jamais. Il avait préféré s'installer ailleurs, en la laissant seule avec ses parents qui devenaient de plus en plus insupportables au fil des années. Ce délaissement, elle ne le supporta pas, et commença alors à vouloir partir elle aussi.

Elle patienta, encore et encore, pendant ces trois ans qui lui restaient avant d'enfin être libre, comme elle se plaisait à le dire. Elle ne se doutait pas que sa vie après ces quelques années seraient encore pires que celles qu'elle vivait à présent. Vraisemblablement, ces trois ans passèrent à une allure folle, sans le comportement super protecteur envers elle de son grand frère, la jeune fille s'était faite beaucoup d'amis, s'était forgée un caractère bien à elle et elle n'avait finalement pas tellement envie de rejoindre les autres filles de son âge aux cabarets. Elle avait appris des tas de choses à leurs sujets, qu'ils n'étaient par exemple pas seulement des lieux d'études, mais plutôt un endroit glauque, où on apprenait aux filles à "courtiser". Elle ne voulait plus y aller, et c'est comme ça qu'un jour, ravie de ce qu'elle s'apprêtait à apprendre ses parents, Skye arriva le sourire aux lèvres en leur annonçant qu'elle n'irait pas faire ses études dans l'un de ces cabarets, mais qu'elle préférait étudier dans une branche qu'elle aurait choisie, comme l'art ou le commerce. Oh, elle se souvient encore de la tête qu'a fait son père, qui a refusé formellement, suivi d'un "non" tout aussi clair de la part de sa mère. A dix-sept ans, Ceridwen fût donc envoyée dans un cabaret.

Elle étudia l'art de séduire pendant un an, avant d'obtenir un travail au même endroit. C'est lors de l'une de ses soirées de travail qu'elle rencontra un jeune homme tout à fait charmant, qui n'était pas comme les autres, Cameron. Ils prirent l'habitude de se voir régulièrement, et la jolie blonde en tomba secrètement amoureuse, bien que le règlement des cabarets était intransigeant sur ce point : pas question de sentiments pour les filles. Cet homme est la seule bonne chose qui lui soit arriver depuis qu'elle travaille ici. Elle déteste cet endroit, elle déteste ce qu'elle y fait, et elle déteste tout ce qui l'a amené jusqu'ici. Néanmoins, elle fait tout pour ne pas s'attirer d'ennuis, elle se montre sympathique envers tout le monde et évite de se faire des ennemis, sauf quand elle ne peut réellement pas voir quelqu'un en peinture, ce nouvel homme à la tête de l'État par exemple.